Le post-partum tel que je ne l’avais pas imaginé – Partie 1/3

Illustration post partum Clémence de Besombes

Avant propos. La maternité est un sujet sensible et complexe. Chaque femme en a une expérience différente. Je pense que raconter son histoire est aussi important pour soi que pour les autres. C’est inspirant, libérateur et bien plus fort que des conseils. Parlons de la maternité, la vraie !

La sensation d’avoir vécu un rite de passage

Avant d’être enceinte, j’avais l’impression que le rite de passage vers la parentalité était l’accouchement. La grossesse me paraissait être une expérience palpitante à vivre alors que l’accouchement tant redouté serait l’épreuve d’une douleur jusque-là inconnue avant de pouvoir chérir et couver son nouveau-né sur un nuage d’amour débordant… L’une de ces trois étapes est parfois paisible pour l’une et traumatisante pour une autre. Finalement, pour moi, c’est l’après accouchement qui s’est révélé être une sorte de rite initiatique pour devenir mère. J’utilise cette expression car elle m’est venue en tête dans les semaines qui ont suivi la naissance, alors que je me sentais comme une survivante en terre inconnue, et dont le parcours d’épreuves physiques et morales me transformait en une nouvelle personne. Beaucoup utilisent spontanément le terme de « tsunami » pour parler des débuts dans la maternité, je les rejoins complètement !

Je me suis préparée à tout… sauf à l’après accouchement

Pour moi, « devenir mère » a commencé dès le désir d’enfant. C’était comme un feu qui s’était allumé. Avant je ne le ressentais pas, puis il a pris de l’ampleur. Ça a pris un peu plus d’un an pour que je tombe enceinte, ce n’est pas grand chose par rapport à d’autres, mais dès le début j’ai vraiment été déstabilisée et je le vivais comme un échec. J’avais déjà l’impression d’aimer ce futur enfant qui ne venait pas. Je ferai peut-être un article à part sur ce sujet qui me tient aussi beaucoup à cœur car c’est une expérience qui m’a surprise par son intensité. Finalement, quand je suis tombée enceinte, ce rêve devenait réalité. C’est donc avec cette grande expectative que je suis entrée dans la maternité et je me demande si ça n’a pas en partie joué sur le fait que ça ait été difficile de parler de mes difficultés après la naissance. J’ai pensé à tort que la force de mon désir d’enfant ferait que je pourrai tout surmonter sans me plaindre…

J’ai eu la chance de ne pas avoir une grossesse compliquée. Les trois premiers mois je me sentais plus énergique qu’avant (ne me détestez pas) avec un besoin de manger plus fréquent. Puis la fatigue s’est installée crescendo et bien sûr j’étais aux aguets de tout signe pouvant montrer un potentiel danger pour notre bébé. Ce qui m’a surprise, c’est que contrairement à une grippe ou un état de fatigue habituel, quand on est enceinte, plus le temps passe et malgré le repos, on devient de plus en plus fatiguée et avec de plus en plus de symptômes. Néanmoins, j’ai pu continuer ma vie en faisant juste moins de choses et en me reposant plus. Je me sentais vraiment privilégiée de porter une nouvelle vie en moi. Les hormones de la grossesse m’ont fait l’effet d’un grand apaisement au 2ème et 3ème trimestre, à tel point que j’avais presque du mal à stresser ou m’énerver ! J’ai aussi vécu ce qu’on appelle nesting en anglais, faire son nid pendant la grossesse, car j’ai beaucoup cuisiné, trié et organisé notre appartement. Je pense qu’après une telle grossesse plutôt sereine, le choc du post-partum n’a été que plus grand.

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J’étais à la fois curieuse et inquiète à l’idée de l’accouchement. Je me suis préparée à ce moment en lisant des articles et en écoutant des podcasts sur le sujet pour anticiper un maximum de scénarios. À l’approche du jour J, je craignais d’être à la veille d’un traumatisme physique !

L’accouchement

Finalement, l’accouchement s’est plutôt bien passé par rapport à tout ce que j’avais imaginé, même si bien sûr il ne s’est pas déroulé comme ‘dans la théorie’ : pas de contractions courtes et régulières mais de très longues et espacées d’intervalles totalement irréguliers. Je pense que le fait de m’informer a tout de même contribué à ce que je vive le moment sans grand stress. (Nous avions notamment fait une préparation dite « haptonomie ». Ça m’a beaucoup rassuré de faire tous les cours en couple avec mon mari et ça nous a permis de vivre toutes les étapes de l’accouchement ensemble. Mais il n’y a malheureusement pas eu de séance dédiée à anticiper le post-partum.) Quand on me demandait comment s’était passé l’accouchement, j’avais du mal à juste répondre « bien » car, même s’il n’y a pas eu de complications pour le bébé, ça restait un accouchement et plutôt long ! Lors de la poussée, quand je voyais bien que mes efforts étaient inefficaces et que notre bébé n’arrivait pas à sortir, j’ai eu peur de ne pas y arriver. Et finalement, cette impression est restée présente dans ma vie de maman : « Ce que je fais ne semble pas suffisant, je fais ce qu’il faut mais pas complètement comme il faudrait, est-ce que je vais y arriver ? ».

Ça y est, Félix était né. Son apparition était comme dans mes rêves. On l’a posé sur moi, j’étais submergée de joie et d’amour. C’est l’émotion la plus belle et la plus forte que j’ai vécu dans ma vie jusqu’à présent. Je n’avais jamais rien vu d’aussi précieux, mon coeur et mes larmes lui envoyaient des promesses d’amour inconditionnel. C’était magique !

J’ai accouché à 16h20, à 20 heures j’étais dans ma chambre et à 22 heures on a demandé à mon mari de quitter l’hôpital. Terrible pour tous les deux.

Le corps post-partum

J’étais plutôt euphorique et sonnée à la fois. Petit à petit mais assez rapidement je suis retombée de mon nuage. Comment vivre intérieurement à la fois la joie d’avoir enfin rencontré notre fils en bonne santé et le choc de découvrir les conséquences physiques de l’accouchement tout en s’occupant de son nouveau-né. Douleurs des points de suture, saignements abondants (et ça a duré 6 semaines, heureusement en diminuant), forte incontinence urinaire, courbatures dans tout le corps, faiblesse musculaire, contractions utérines lors des tétées (l’allaitement au sein contribue à ce que l’utérus se rétracte plus rapidement, mais ce n’est pas sans fortes douleurs rappelant le travail de l’accouchement), seins engorgés par la montée de lait (seins bouillants, durs comme de la pierre !), douleur dans le dos sur le point de la pose de la péridurale, … Prendre ma première douche après l’accouchement a été éprouvant moralement car j’y découvrais mon ventre dégonflé comme un ballon, mou comme du flan et fripé comme celui d’une mamie de 90 ans alors que la veille encore il était d’un galbe parfait. Ce ventre que j’avais tellement aimé voir s’arrondir… Même si par la suite j’ai rapidement retrouvé mon poids d’avant grossesse, j’ai eu du mal à me réapproprier mon corps (et c’est toujours en cours!) car il a changé. Je n’ai par exemple presque pas touché mon ventre les 6 premiers mois, jusqu’à ce que j’entame la rééducation abdominale.

Les débuts difficiles à la maternité

À côté, mon bébé. Beau, parfait. Je n’ai pas eu de soucis pour l’aimer tout de suite.

Mais la première nuit en tête à tête avec lui, puis les suivantes à la maternité ont été sans sommeil et difficiles. J’avais besoin de me reposer et lui avait besoin de moi. Félix a passé sa première nuit à manquer de s’étouffer en régurgitant le liquide amniotique de ses poumons. Je ne connaissais rien de lui, j’étais fascinée mais je me sentais maladroite aussi. Je le mettais assis pour l’aider à déglutir, je changeais ses draps, je le mettais au sein, je le tenais contre moi, je veillais sur lui. Puis je le reposais dans son petit berceau transparent car on m’interdisait de m’endormir avec lui. Et là, j’étais seule dans mon lit et lui dans le sien. Comment m’abandonner au sommeil dans ces conditions ? J’avais la responsabilité de veiller sur lui, car il n’y avait personne d’autre dans la chambre avec nous. Et je n’étais pas non plus complètement rassurée après la journée de dingue, mon corps amoché et mon ventre vide à présent.

Le lendemain, après 9 mois à avoir ce bébé au chaud en moi, j’étais à nouveau seule dans mon corps, déjà fatiguée et complètement sonnée comme si j’avais eu un accident de voiture ou une opération lourde la veille. La logique voudrait que dans un tel état on ait deux bons mois de repos devant soi, mais la suite vous l’imaginez ou la connaissez…

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Un grand merci à Clémence de Besombes pour la très belle illustration de couverture ❤

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14 réflexions sur “Le post-partum tel que je ne l’avais pas imaginé – Partie 1/3

  1. Tu es pleine de courage de mettre ça si joliment par écrit ! J’ai de mon côté écrit la journée de la naissance de ma fille, mais dans son cahier de vie, et moins détaillé que toi. Merci pour ces mots qui font échos probablement à beaucoup d’entre nous. Hâte de lire la suite. Bravo à Clémence pour la très belle illustration en effet !

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  2. Merci pour ce début d’article et pour la suite que j’attends impatiemment…
    Je sais à quel point le post partum peut être compliqué. J’ai eu deux grossesses rapprochées avec de grosses difficultés dépressives.
    C’est un beau partage pour moi, pour nous mamans.
    🌼🌸🏵️

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    1. Merci pour tes encouragements ! Je ne savais pas pour tes difficultés suite aux naissances mais je compatis tellement… Je ne m’attendais pas à ce que le défi soit de ce niveau, mais j’apprécie la solidarité entre les mères qui parlent « vraie maternité » avec ses hauts et ses bas. Rdv mardi pour la suite… ❤

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  3. merci Madou d’avoir le courage de dire tout haut ce que bon nombre d’entre-nous gardons au fond de nos cœurs. Cette impression de ne pas être à la hauteur vis à vis de son enfant et le choc de se retrouvée « vide » après la naissance, c’est tellement bien dit!! Surtout je souhiate que ce type de témoignage permette aux futures mamans non pas de paniquer mais au contraire de se préparer et de s’entourer mieux pour faire face à ce changement radical : par exemple en se faisant accompagner par une sage-femme APRES l’accouchement (avant c’est bien aussi hein!!), s’offrir (quand c’est possible) qq heures d’une nounou même bien avant de songer à reprendre le travail pour s’accorder qq heures de sommeil ou de pause dans la semaine (dej avec une copine, promenade dans un parc, lecture…), militer pour un congé paternité qui permettrait aux papas d’être bcp plus présents (souvent très frustrant aussi pour eux) dans les premiers mois pour vivre ensemble ce tsunami, ne pas hasiter à se faire accompagner par un psy quand on ne s’en sort pas et surtout ne pas culpabiliser de tout cela…Bref merci et Hâte de te lire de nouveau!

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    1. Non, mais toi… Tu m’as presque fait pleurer avec ton commentaire. Je suis d’accord avec TOUT 😉 Et merci pour tes idées qui aideront sans doute d’autres mamans qui passent par là. Pour la sage-femme, j’en parlerai dans la partie 3, mais c’est un métier que je ne connaissais pas en libéral avant et je regrette de ne pas avoir prévu un suivi post accouchement. Et pour le congé paternité, je suis à 2 doigts de démarrer une pétition à envoyer à Agnès Buzin…! Surtout ne pas culpabiliser oui, mais ça vient seulement avec le temps pour ma part.
      La suite mardi…!

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  4. Merci ma chérie pour ce partage plein de vérité sur ta grossesse puis la naissance de Félix . La maternité et puis… la suite… , tu nous la raconteras aussi avec la même sensibilité .
    Moi je vois Félix maintenant, à bientôt un an, qui transmet par ses sourires tout l’amour et l’affection que vous lui témoignez.
    maman

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  5. Bravo Madeleine pour cet article courageux qui décrit avec force ton vécu du bouleversement qui s’opère après l’accouchement, dans les premiers temps, particulièrement pour un premier enfant.
    C’est vrai que les déjà-mamans n’en parlent pas souvent aux futures mamans. On ne sait pas exactement comment chacune va le vivre.
    Je trouve que les mots que l’on nous dit dans ce moment de l’accouchement et du post-accouchement sont si importants. Une jeune maman se sent fragile, déboussolée, parfois démunie, inquiète de son savoir-faire, il faut lui donner des mots d’estime, encourageants, valorisants ; chacune d’elle est la meilleure maman que son bébé puisse avoir.

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    1. Je suis tellement d’accord à propos des mots qu’on nous dit en post accouchement et surtout lors du séjour à la maternité. On y est un peu infantilisée et ce n’est pas facile de se sentir en confiance tout de suite pour un premier. J’ai longtemps eu l’impression que quelqu’un d’autre aurait fait mieux que moi pour Félix. Mais heureusement, plus aujourd’hui 😉
      Et moi-même je ne sais pas ce que je pourrais dire à une future maman pour la préparer, alors j’ai juste choisi de raconter ce que j’ai vécu.

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